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Chapter 2 - Chapitre 2 : Réincarnation ?!

"Patrick, ramène-toi par ici. Tu crois que je te paie pour te la couler douce ? On dirait que ton salaire va être encore réduit ce mois-ci. Arrête de me fixer dans les yeux et dégage", dit un vieil homme âgé, maigre, au visage ridé, à son interlocuteur, avec un visage plein de mépris.

Pour la énième fois dans la même journée, Patrick se faisait humilier par son boss en public. Orphelin de père et de mère à l'âge de 3 ans, Patrick avait été confié à l'une de ses tantes qui dut l'élever jusqu'à ses 18 ans avant de le foutre à la porte pour s'accaparer son héritage.

"Un jour je vais finir par m'en sortir. Et là, ils paieront tout ce qu'ils m'ont fait subir avec des intérêts. Aucun ne sera épargné", se disait-il tout bas avant de se remettre au travail.

Patrick, tout au long de son cursus, était un élève brillant. En cours, en sport ou même dans la vie courante, tout lui réussissait. Il était tout simplement un génie surpassant les enfants de sa tante en tout point. C'était ce qui énervait le plus sa tante, qui le martyrisait sans relâche. L'année où il devait passer son baccalauréat, à cause de l'argent et de plein d'autres petits problèmes, Patrick échoua malheureusement. Il avait déjà 18 ans, donc techniquement majeur. Alors qu'il prit la décision de rentrer en possession de l'héritage de ses parents, il constata que ce dernier avait déjà été dérobé par sa tante. Furieux, voulant confronter sa tante, il finit par être jeté dehors. Dormant sous les ponts une première fois, Patrick dut réfléchir à comment gagner sa vie et très vite se lança dans de petits jobs pour assurer ses besoins.

"Rassemblement !" cria un jeune ouvrier lorsque le ciel commençait à s'assombrir.

"C'est terminé. Bon travail à tout le monde. Que chacun vienne récupérer sa paie. Faites un rang, je suis pressée", leur lança une jeune dame avant de commencer la distribution.

"Putain de merde, pourquoi le patron a l'air si radin ? On a même fait des heures sup cette semaine, pourtant zéro bonus", disait un ouvrier qui venait d'ouvrir son enveloppe.

Le tour de Patrick arriva juste après.

"Hey Patrick, je suis très en colère. Tu m'as ignorée toute la semaine. Qu'a-t-il ?" demanda la jeune dame à Patrick une fois qu'il était arrivé à son niveau.

"Clara, en fait... hum... Ne vois-tu pas que le patron m'observe tout le temps ? On dirait qu'il va m'arracher la tête à tout instant quand je suis dans les parages", lui disait-il en ouvrant son enveloppe pour vérifier sa paie.

"C'est normal, non ? Je suis sa fille après tout. Quand on aura des enfants, tu verras ce que ça fait d'être papa", lui répliqua Clara en faisant tourner ses yeux de façon taquine pour observer sa réaction.

"On et qui ? Arrête avec ça, les gens pourraient se méprendre." Patrick observa les alentours avant de se retirer.

"Patrick, viendras-tu la semaine prochaine ?" lui cria-t-elle, les yeux pleins d'étoiles, pendant qu'il s'en allait.

"Je sais pas. On verra, on verra", répondit-il avant de s'effacer de sa vue.

Encore une fois, Patrick venait de se rendre compte qu'être populaire n'est pas toujours avantageux quand on est pauvre. On venait encore de lui réduire sa paie. Il s'en plaindrait en temps normal, mais à quoi ça sert ? Le patron lui donnerait encore mille excuses pour lui justifier que c'est ce qu'il méritait, tout juste parce qu'il ne supportait pas qu'un type comme lui traîne avec sa fille.

Après 30 minutes de marche, il arriva enfin dans le quartier où il habitait. Un bidonville situé à la périphérie. Dans ce quartier, l'insécurité est à son apogée, surtout le soir. Patrick marchait très rapidement afin de vite arriver chez lui, en évitant les ruelles trop sombres, mais malheureusement, il venait de tomber sur un groupe de voleurs en plein braquage.

"Haha, mais qui vois-je ? Patrick ?! Putain d'enfoiré", lança un jeune de la bande qui tenait un couteau de cuisine en main.

"Attends, c'est donc lui le fameux Patrick ? Hehehe. T'as une belle gueule dis donc, pas étonnant que tu lui aies piqué sa meuf", dit un autre, plus grand que le premier, avec un air de moquerie dans la voix.

Patrick ne les reconnaissait même pas. Sa gueule d'ange lui avait déjà attiré pas mal d'ennuis, mais cette fois-ci, cela ne s'annonçait pas très bon.

"Donne ton sac, ne me le fais pas regretter", lui intimait celui qui semblait être le chef de bande.

Patrick n'avait pas l'intention de lui remettre le sac. C'est vrai qu'il tenait à la vie, mais il avait déjà fait un prêt chez un usurier qu'il devait rendre au plus tard le lendemain. Contrarier un usurier ? Il préférerait mourir plutôt que de se faire prélever ses organes, se faire torturer ou être condamné à des travaux forcés à cause de miettes. Entre subir cela ou trouver un moyen pour échapper à ces petits voleurs, le choix était clair. Il devait trouver un moyen pour s'échapper.

Calme, en observant autour de lui, Patrick profita d'un instant d'inattention pour commencer sa fuite.

"Attrapez-moi ce fils de p***. Crevez-le !" criait le chef, visiblement en colère et très agacé, alors qu'une partie de son groupe se lançait à la poursuite de Patrick.

La course-poursuite dura près d'un quart d'heure. Après ces quelques minutes, ne sentant plus ses poursuivants derrière lui, Patrick décida de faire un break pour récupérer son endurance. C'était le geste qui lui avait été fatal.

Un gros couteau de cuisine venait de se planter profondément dans sa gorge. L'un des poursuivants, apparemment bon au lancer de couteau, venait d'avoir raison de lui.

"Merde, mec, tu l'as tué ? Putain, t'as foutu quoi, bordel ? Je n'ai jamais tué quelqu'un dans ma vie. Débrouille-toi seul, cache le corps ou fais ce que tu veux. Je ne veux pas être ton complice."

Tétanisé par ce qu'il venait de faire, l'assassin prit aussi la fuite, laissant Patrick se noyer dans son propre sang.

Allongé par terre, tandis que sa vision s'estompait, Patrick eut envie de hurler, mais ses cordes vocales venaient d'être sectionnées. Il maudissait intérieurement sa tante et se blâmait de ne pas avoir vécu la vie qu'il voulait. "Vais-je mourir de façon si pathétique ? Merde, si seulement je m'étais fait percuter par un camion, j'aurais espéré me réincarner dans un isekai pour me la couler douce." Ce furent les dernières pensées de Patrick avant que sa vision devienne noire et qu'il perde connaissance.

"Hmmm..." Patrick venait d'ouvrir les yeux, et aucune des choses qu'il voyait ne lui était familière. Cet endroit n'était pas un hôpital et l'architecture de la chambre lui semblait un peu particulière. À son chevet se trouvaient quelques produits qu'il ne reconnaissait pas et une chaise.

"Où suis-je ? Ai-je été kidnappé ?" pensa-t-il avant de toucher précipitamment sa gorge pour constater que celle-ci était en parfait état, sans aucune cicatrice.

"Comment est-ce possible ? Suis-je devenu dingue ?" marmonna-t-il avant d'essayer de se lever du lit. C'est là qu'il remarqua que ce corps n'était pas le sien. Pris de panique, il essaya de vite se dégager quand, finalement, il aperçut son reflet dans un miroir à côté du lit. Effrayé, il tomba sur ses fesses en essayant de trouver une logique à tout ce qui lui arrivait.

Soudain, il fut frappé par un mal de tête. Bientôt, des souvenirs étrangers affluèrent dans son cerveau, inondant son esprit, ce qui intensifia la douleur.

Après quelques minutes, les souvenirs cessèrent leur déluge et la douleur commença alors à s'estomper. Couché sur le sol, Patrick ne croyait pas ce qui lui arrivait. Son cœur battait à tout rompre. "Ai-je vraiment transmigré ? Pourtant je n'ai pas été percuté par un camion. Hmmm, c'est énorme", pensa-t-il avant de se regarder une dernière fois dans la glace.

"Déon... Déon", marmonna-t-il en se remémorant quelques souvenirs...

Patrick s'était réincarner dans un monde fantastique appelé "Eridoria", où les magiciens, épéistes et chevaliers faisaient partie du quotidien de tout un chacun. C'était le paradis vivant pour les amateurs de light novel. Très vite, Patrick accepta sa situation. Il était même très enthousiaste d'embrasser sa nouvelle vie. "Quel type de sort je maîtrise ?" pensa-t-il, tout excité, avant de se souvenir de la situation de Déon.

"Aucun pouvoir n'est inutile. Si les light novels m'ont appris quelque chose, c'était bien ça", se disait-il avant de constater que la porte de la chambre s'était ouverte. Devant lui se trouvait une femme d'environ la vingtaine, cheveux noirs, yeux marrons, avec un corps de mannequin, qui avançait vers lui, le regard larmoyant. C'était la mère de Déon.

Pris par surprise dans la scène, la seule chose qui lui sortit de la bouche fut :

"Maman !"

C'était instinctif, il ne se souvenait même plus clairement de la dernière fois où il avait prononcé ce mot aussi naturellement.

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