L'accueil d'Aurélien Yamamoto dans le domaine Takagi ne fut ni chaleureux, ni hostile — mais marqué d'une précision presque protocolaire. Dès les premières heures, il devint évident qu'il n'était pas venu chercher un abri. Il était venu pour négocier l'espace nécessaire à sa vision.
Les retrouvailles avec les survivants de l'académie Fujimi furent sobres mais sincères. Une accolade entre camarades. Saya lui lança un regard incisif, Kohta éclata de joie à la vue des droïdes, Rei hocha la tête avec une prudente réserve… mais c'est le regard que Takashi posa sur lui qui tranchait avec le reste. Il n'y avait ni soulagement, ni hostilité. Seulement une distance tendue, Takashi trouvait que les actions d'Aurélien était trop radical, il cache également une certaine jalousie envers le pouvoir d'Aurélien.
L'intégration commença par le bas.
Les droïdes B1, bien que intimidants au départ, furent vite acceptés lorsqu'ils commencèrent à patrouiller les zones périphériques, relayant efficacement les gardes humains exténués. Aucun incident. Aucune dérive. Les machines suivaient des consignes précises et communiquaient avec les sentinelles Takagi via un protocole radio parallèle, conçu pour ne pas interférer avec les réseaux internes du domaine.
Kohta Hirano devint rapidement l'un des plus fervent partisan d'Aurélien. Il passait des heures à discuter balistique, mécaniques de tir, configurations de capteurs. Lorsque l'adolescent reçut un véritable blaster E-5 — modifié pour être plus stable et précis — il ne s'en sépara plus de la journée.
'' C'est comme un rêve de geek devenu réalité… sauf que c'est la vraie vie, mec. '' lui dit-il avec un une passion intense.
Saya, elle, observa tout cela avec l'acuité méthodique d'une scientifique. Elle interrogea Aurélien sur les fonctions secondaires, les routines de combat, les chaînes de priorité. Il lui répondit sans détour, mais sans dévoiler ses secrets. ''Tu comprendras mieux en les étudiant. Je ne donne pas mes secrets. Mais je partage les résultats.''
Même certains soldats Takagi finirent par apprécier les routines partagées : les drones araignée d'Aurélien — agiles, silencieux, bardés de capteurs — quadrillaient la région en quête de ressources. Ils ramenaient de tout : batteries, composants électroniques, câbles, parfois même des restes d'ordinateurs entiers.
Un drone rapporta une imprimante 3D fonctionnelle dès le deuxième jour. Aurélien la réintégra aussitôt dans le projet global.
Dans un ancien entrepôt agricole cédé par les Takagi — en échange d'un flux énergétique régulier — Aurélien installa le noyau de son ambition : une chaîne de montage modulaire.
Des bras articulés. Des postes de soudure. Des imprimantes industrielles. Des réservoirs de matériaux fondus. Tout avait été repensé, réassemblé, redimensionné pour une production flexible. Les premiers modules lancés concernaient :
Des pièces de remplacement pour les droïdes B1,
Des châssis standardisés pour créer divers types de servocrânes,
Un automate médical rudimentaire, encore balbutiant.
Aurélien ne venait pas contribuer au domaine Takagi. Il venait le transcender.
'' Tu comptes faire quoi, exactement ? Une usine de robots ?'' demanda Saya, bras croisés, fixant les plans holographiques.
'' Pas une usine. Un écosystème. Ce monde est mort. Je veux poser les fondations de celui d'après.''
Elle frissonna. Ce n'était pas de la peur. C'était une prise de conscience brutale : Aurélien ne reconstruisait pas le monde perdu. Il le remplaçait.
Mais tous n'étaient pas aussi fascinés.
Takashi observait. En silence. Il voyait les regards que les gardes commençaient à adresser à Aurélien. Le respect. L'admiration. Parfois même la crainte. Il voyait les machines remplacer les hommes sur certaines tâches. Et il se souvenait de la façon dont Aurélien décidait. Froidement. Efficacement. Sans état d'âme.
'' Il change les règles sans qu'on s'en rende compte. Même les Takagi commencent à l'écouter. '' dit-il à Rei, un soir.
''Il nous aide. Tu l'as vu, il fait avancer les choses… '' répondit-elle, prudente.
'' Il agit. Oui. Mais pour qui ? Pour quoi ? Un jour, il décidera peut-être que nous sommes un poids mort. Et il ne clignera même pas des yeux pour nous écarter. ''
Rei ne répondit rien. Takashi, qui se considérait comme l'un des chef du groupe d'étudiant, voyait l'attention se déplacer lentement vers ce garçon pâle, toujours calme, toujours occupé… et il n'aimait pas cette sensation.
Saeko, elle, ne disait rien. Mais elle observait.
Elle savait qu'Aurélien, pour toutes ses qualités, avait un angle mort : les émotions humaines. Il les comprenait et les vivaient mais ne les ressentait pas comme tous le monde, ignorant souvent les émotions des autres. Il pouvait provoquer des tensions sans le vouloir. Laisser des blessures ouvertes.
Alors elle décida de patrouiller plus fréquemment au cœur du manoir Takagi. Elle observa les soldats. Elle sondait les regards, écoutait les soupirs entre deux rondes. Elle parlait peu, mais notait tout.
La deuxième journée de leur arrivé, elle rendait compte à Aurélien, dans l'entrepôt, pendant que les machines sifflaient autour d'eux.
'' Certains te respectent. D'autres t'envient. Et quelques-uns te craignent. Tu avances vite. Trop vite.''
Aurélien la regarda sans répondre immédiatement. Puis il hocha la tête. '' Noté.''
Il ne contesta pas. Il s'adapta. Mais le pli de sa bouche disait clairement qu'il ne ralentirait pas. Saeko soupira, mais se promit de protéger son amant contre ceux qui auraient de mauvaises intension envers Aurélien.
Koharu prit la samouraï à part. '' Merci de veiller sur mon insensible de fils Saeko. Quand il travaille sur ses machines, il oublie le monde qui l'entoure. Ça vient de son père, il était pareil. Force le à sortir de son atelier une fois de temps en temps, même si tu dois l'assommer.'' Elle dit la dernière phrase en retenant son rire.
Koharu prit un ton plus sérieux. '' Je vois bien que mon fils s'écarte de plus en plus des autres, il se sent responsable de devoir assurer notre survie et il réagit en s'entêtant à travailler. Je compte sur toi pour lui rappeler qu'il y a d'autres choses dans la vie que ses machines.»
Saeko lui sourit. '' Ne vous inquiéter pas Koharu, Aurélien à accepter mes démons, je ferais de même envers lui.''
Autour d'Aurélien, une poignée de collaborateurs recrutés parmi les survivants les plus compétents, dont quelques ingénieurs et un ancien technicien de maintenance ferroviaire, s'activaient jour et nuit. Aurélien ne dormait presque pas. Il ne parlait que pour organiser, optimiser, déléguer. Il avait des plans, des schémas, des objectifs précis. Il avait envoyer quelques BX distraire la horde, la ralentir et lui donner le temps nécessaire pour assurer sa suprématie. Au mieux, les calculs montraient que la horde atteindrait leur position dans 5 jours.
Plus tard, dans la journée alors qu'il engageait certain des réfugier du groupe de Takagi, la voix système se fit entendre.
[ Quête accompli: Soyer le dirigeant d'une communauté (100\100 individus)]
[ Récompense reçu: carte invocation d'un serviteur (fate)]
[Récompense reçu: plan de fabrication droïde série T]
[Quête reçu: diriger une communauté de 1000 individus (100\1000 individus) ]
Intriguer, Aurélien se dirigeant vers un bâtiment isoler pour procéder à l'invocation de son serviteur.
Au manoir Takagi
Soichiro Takagi, en homme politique chevronné, voyait venir le dilemme : Aurélien était un atout, oui — mais il devenait un centre de pouvoir alternatif. Un chef avec une armée loyale qu'envers lui. Un allié sans loyauté affichée, mais dont la puissance grandissait chaque jour.
Yuriko, en le regardant œuvrer depuis les hauteurs de la maison principale, formula tout haut ce que tous ressentaient confusément. ''Il ne s'impose pas. Il pousse le monde à s'organiser autour de lui.''
Soichiro répondit calmement, sans détour :
'' Il faudra bientôt choisir : encourager cette croissance… ou la contenir.''
Bonus ( J'essaie un peu d'humour dites si vous aimez ou non?)
Enceinte du domaine Takagi. Fin d'après-midi. Deux gardes humains en sueur terminent leur ronde sous un soleil écrasant. L'un d'eux, Kenji, ajuste son fusil d'assaut tandis que l'autre, Tadao, grommelle en observant une silhouette mécanique approcher.
— « Encore un de ces droïdes... »
Le B1 s'avance d'un pas raide, son émetteur vocal grésillant légèrement.
— « Identification : Unité B1–57. Statut : Patrouille périphérique terminée. Rapport de situation : Aucun zombie détecté. Deux chats suspects poursuivis pendant 3 minutes avant de comprendre erreur de classification. »
Tadao lève un sourcil, un brin moqueur.
— « Tu cours après des chats maintenant ? »
— « Affirmatif. Les cibles montraient un comportement erratique. Probabilité d'infection estimée à 0.0037%. Action jugée non prioritaire après analyse. »
Kenji éclate de rire.
— « Tu nous ferais presque passer pour des amateurs, tas de boulons. »
Le B1 incline légèrement la tête, comme pour mimer la réflexion.
— « Comparaison non pertinente. Performance humaine moyenne inférieure de 12.7% aux standards mécaniques. »
Tadao fait mine de sortir son couteau.
— « Tu veux qu'on teste ça sur un bras ? »
— « Alerte : menace physique détectée. Protocole 14–B engagé. Activation du mode défensif… »
Le droïde se fige brusquement. Une LED clignote. Puis il se redresse, l'air presque penaud — si un droïde peut l'être.
— « …Erreur. Protocole désactivé. Protocole 14–B réservé aux cas de 'violence conjugale'. Excusez la confusion. »
Kenji rit à gorge déployée. Tadao soupire.
— « Génial. On a un robot de guerre qui lit trop les guides du ministère de la famille… »
Le B1 reste planté là, puis ajoute d'un ton plat :
— « Souhaitez-vous recevoir un dépliant sur la communication non-violente entre collègues armés ? »