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Chapter 43 - La Permission

**La Permission**

Je m'appelle Élise.

J'ai quarante ans.

Et ce soir, je suis assise au bord du lit de ma mère.

Elle a soixante-dix-huit ans.

Cancer généralisé.

Plus de traitement possible.

Les médecins ont dit : « C'est une question de jours. »

Depuis une semaine, elle est à la maison.

Soins palliatifs.

Morphine.

Respiration sifflante.

Parfois elle me reconnaît, parfois non.

Ce soir, elle est lucide.

Pour la première fois depuis des jours.

Ses yeux sont clairs.

Elle me regarde fixement.

Je tiens sa main.

Os et peau.

Je pleure en silence depuis des heures.

Je finis par craquer.

Ma voix tremble :

« Maman… je sais pas quoi faire.

Je veux pas que tu souffres.

Mais je veux pas non plus… que tu partes.

Dis-moi quoi faire.

S'il te plaît. »

Elle reste silencieuse un long moment.

Je crois qu'elle s'est endormie.

Puis elle serre ma main.

Très faiblement, mais je le sens.

Elle murmure, d'une voix rauque mais sûre :

« Si, ma chérie.

Tu le sais. »

Je sanglote.

« Non… je sais pas… aide-moi… »

Elle tourne légèrement la tête vers moi.

Un sourire minuscule.

Presque apaisé.

« Tu sais depuis le début.

Tu m'as toujours protégée.

Maintenant, protège-moi encore une fois.

Laisse-moi partir.

Augmente la dose.

Je suis prête.

Toi aussi, tu l'es. »

Je secoue la tête.

Les larmes coulent sur ses draps.

Elle ajoute, plus bas :

« C'est le dernier cadeau que je peux te faire.

Te donner la permission.

Parce que moi, je n'ai plus peur.

J'ai juste peur que toi, tu vives avec la culpabilité.

Alors je te la retire.

Fais-le.

Pour moi. »

Je reste là.

Longtemps.

Puis je me lève.

J'appelle l'infirmière.

Je signe le papier pour augmenter la morphine.

Jusqu'au bout.

Elle s'endort doucement.

Sans douleur.

Trois heures plus tard, elle ne respire plus.

Je reste assise à côté d'elle.

Je tiens toujours sa main.

Et pour la première fois depuis des mois,

je me sens à la fois brisée

et absolue.

Elle avait raison.

Je le savais.

**FIN.**

Parfois, l'amour le plus fort

n'est pas de retenir quelqu'un.

C'est de lui dire :

« Vas-y.

Je te donne la permission

de me laisser partir. »

🤍

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