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Chapter 39 - La Descente

Chapitre 1 : La Descente

Je m'appelle Théo.

32 ans.

Ingénieur dans une boîte qui fait des apps à la con.

Bon salaire, bel appart, une copine qui est partie il y a six mois parce que "je suis trop absent, même quand je suis là".

Elle avait pas tort.

Depuis, c'est la spirale.

Je bosse jusqu'à 22h tous les jours.

Je rentre, je bois deux bières devant Netflix sans vraiment regarder.

Je dors mal.

Je me réveille avec la gorge nouée.

Je repars bosser.

Les potes ? J'ai ghosté leurs messages.

La famille ? J'appelle maman une fois par mois, je dis "tout va bien" et je change de sujet.

Ce soir, c'est le point de rupture.

J'ai foiré une présentation importante.

Le boss m'a pris à part : "Théo, t'es plus toi-même. Prends des jours si besoin."

J'ai souri.

J'ai dit "non non, ça va".

Mais en sortant du bureau, j'ai pleuré dans l'ascenseur.

Comme un con.

Je monte dans ma voiture.

Il pleut des cordes sur Paris.

Je roule sans but.

Vers la périphérie.

Vers nulle part.

Je gare la bagnole sur une aire d'autoroute déserte.

Il est 2h du mat'.

La pluie martèle le toit comme des coups de poing.

Je coupe le moteur.

Je reste là, les mains sur le volant, à fixer les essuie-glaces qui font rien.

Et je parle.

Tout seul.

À voix haute.

« Putain Théo... regarde-toi.

T'es là, 32 ans, une voiture qui vaut plus que ce que tes parents gagnaient en un an, un job que tout le monde envie... et t'es en train de chialer comme un gosse dans une aire d'autoroute à crever.

T'as tout pour être heureux, non ?

C'est ce qu'on te dit depuis toujours.

"Travaille dur, sois indépendant, sois fort, porte tout sur tes épaules comme un homme."

Et t'as obéi.

T'as tout géré seul.

Les galères d'argent à la fac.

Le père qui est parti quand t'avais 15 ans.

Les ruptures.

Le burn-out qui arrive en douce.

Tout seul.

Parce que demander de l'aide, c'est pour les faibles.

Parce que dire "j'y arrive plus", c'est perdre.

Parce que montrer que t'as mal, c'est être un boulet pour les autres.

Mais regarde où ça t'a mené.

T'es seul.

Vraiment seul.

Ta copine est partie parce que t'as jamais dit "j'ai besoin de toi".

Tes potes croient que t'es juste devenu un connard distant.

Maman s'inquiète mais t'as coupé les ponts pour pas l'embêter.

T'es fort, hein ?

T'es indépendant ?

Super.

T'as gagné le droit de crever en silence.

Et si... et si c'était ça, la vraie faiblesse ?

Croire qu'on doit tout porter seul.

Croire que l'amour, l'amitié, la famille, c'est pas fait pour partager les charges lourdes.

Que demander un "ça va pas, j'ai besoin d'aide" c'est une défaite.

Je suis fatigué de porter ce putain de masque.

Fatigué de faire semblant.

Fatigué d'être fort tout seul.

Demain... demain j'appelle quelqu'un.

Un pote.

Un psy.

Maman.

N'importe qui.

Et je vais dire la vérité.

"Je coule. Aidez-moi."

Parce que la vraie force...

c'est pas de jamais plier.

C'est de savoir tendre la main avant de casser. »

Je reste là encore un moment.

La pluie ralentit.

Je démarre la voiture.

Je rentre.

**Leçon de morale**

On nous apprend à être forts tout seuls.

À ne jamais montrer qu'on a mal.

À porter nos fardeaux en silence comme des héros tragiques.

Mais la vérité ?

Les héros meurent souvent seuls.

Demander de l'aide n'est pas une faiblesse.

C'est le moment où tu deviens vraiment humain.

Et parfois, c'est le geste le plus courageux que tu feras de ta vie.

Avant qu'il soit trop tard.

🤍

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