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L'énigme humain mystérieuse

Laguerre_Montina
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Synopsis
Skyly blesse par ses mots et repousse par ses gestes, mais derrière cette froideur se cache un cœur fragile. Quand Sneïly perçoit sa tendresse enfouie, elle découvre un labyrinthe de secrets et de douleurs où chaque mot peut blesser… ou sauver.
Table of contents
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Chapter 1 - Chapitre I

La pluie tombait sans interruption depuis des heures lorsque j'étais assise au bar avec Mia. Nous étions là, toutes les deux, en train de discuter tranquillement, comme nous en avions l'habitude, jusqu'à ce que j'entende mon téléphone vibrer et sonner dans ma poche. Je sursautai légèrement.

— Je suis vraiment désolée, je dois répondre à cet appel ! m'exclamai-je en me tournant vers Mia, qui me parlait encore quelques secondes plus tôt.

À ce moment-là, je ne savais pas que tout allait changer. Moi, Sneïly, âgée de vingt-trois ans, je n'aurais jamais imaginé qu'une simple soirée pluvieuse deviendrait le point de départ d'une rencontre capable de bouleverser ma vie.

Alors que je portais mon téléphone à mon oreille, concentrée sur la voix qui me parlait à l'autre bout du fil, une silhouette se cogna brusquement contre moi. Avant même que je n'aie compris ce qui se passait, cette personne me plaqua contre le mur, comme si elle cherchait un refuge ou une cachette urgente. Je levai les yeux, surprise, le cœur battant à tout rompre. Je sentis immédiatement que c'était un homme : sa corpulence, sa chaleur, la tension de ses muscles... tout le trahissait.

Il tremblait légèrement, comme s'il avait peur de quelque chose, et son souffle court heurtait ma peau. Je percevais son ventre ferme, ses abdos dessinés, son torse qui se contractait contre moi. En d'autres circonstances, peut-être que j'aurais rougi, peut-être que j'aurais pensé à son corps parfait, mais là, je n'y arrivai pas. La panique me dominait trop pour que je puisse accorder la moindre importance à ces détails.

Tout allait tellement vite. Des pas précipités résonnaient dans le bar. Des gens surgissaient en courant, scrutant chaque recoin comme s'ils traquaient quelqu'un ou quelque chose de crucial. Ils balayaient la salle du regard d'un air pressé, presque menaçant. Pendant un court instant, je restai figée, perdue entre la peur et l'incompréhension. Je ne savais plus qui je devais regarder : ces inconnus cherchant frénétiquement ou l'homme qui s'était littéralement jeté sur moi.

J'oubliais presque sa présence contre moi, jusqu'à ce qu'il se penche vers mon oreille et murmure d'un ton grave, sérieux et pressé :

— Je suis désolé, mademoiselle...

Je n'eus pas le temps de répondre. Ses lèvres se posèrent sur les miennes. Un baiser imposé, brusque, inattendu. Mes yeux s'écarquillèrent. Je tentai immédiatement de le repousser, posant ma main contre son torse pour le repousser de toutes mes forces. Mais ça ne servait à rien : il était bien plus fort que moi. Mon cœur battait encore plus vite, non plus seulement par peur des gens autour de nous, mais aussi à cause de la situation irréelle dans laquelle je me trouvais.

J'essayai même de lui donner de petits coups, paniquée, mais il attrapa mes poignets avec une rapidité déconcertante. Il leva mes mains au-dessus de ma tête, les croisa, puis les plaqua contre le mur avec une seule de ses mains, immobilisant mes bras sans le moindre effort. Avec son autre main, il encercla ma taille, me maintenant fermement contre lui afin que je ne puisse plus bouger.

Je me sentais totalement vulnérable, coincée, incapable de comprendre qui il était, ni ce qu'il fuyait. Ses yeux surveillaient la salle derrière moi, pas moi. Ce baiser n'était pas un acte d'affection. C'était une couverture. Une improvisation désespérée pour se fondre dans la scène, pour passer inaperçu aux yeux de ceux qui le cherchaient.

Les gens qui couraient dans le bar s'arrêtèrent soudain en nous apercevant. Leur expression se transforma instantanément : de la tension, ils passèrent à une exaspération plus légère, presque amusée. Ils nous regardèrent comme si nous étions un couple incapable de se contrôler, comme si la situation était simplement embarrassante, pas dangereuse.

L'un d'eux lâcha même, avec un soupir agacé :

— Quelle malchance ! Ils ne pouvaient vraiment pas attendre ? Ils viennent faire ça ici ?

Les autres marmonnèrent des commentaires similaires avant de détourner le regard, pensant nous laisser « en paix ». Ils ne se doutaient pas une seconde que je ne connaissais même pas cet homme.

Et moi, coincée entre le mur froid et ce corps inconnu, je ne réalisais pas que rien, absolument rien, ne serait plus comme avant.

— Il n'est pas ici, allons-y. Allons regarder ailleurs.

Lorsque leurs voix s'éloignèrent enfin et que les pas se perdirent dans le bruit du bar, l'inconnu me relâcha d'un coup. Mes bras retombèrent lourdement, et la colère monta aussitôt en moi, brûlante, incontrôlable. Sans réfléchir, je lui assénai une gifle si violente que son visage se tourna brutalement sous l'impact.

Il restait immobile un instant, puis il redressa lentement la tête pour me regarder. Il glissa sa main au coin de ses lèvres et constata qu'il saignait. Pourtant, au lieu de se fâcher, il affichait un sourire moqueur, presque amusé, comme si ma réaction le divertissait plus qu'autre chose.

— Je prendrai mes responsabilités, dit-il d'un ton calme. Désolé… mais je devais le faire. Tiens, prends cette montre. Elle est unique au monde, je l'avais fait personnaliser. Viens me trouver dans le groupe Sky et je te remercierai pour aujourd'hui.

Il me tendit une montre élégante, manifestement très chère, dont le cadran brillait légèrement sous la lumière du bar. Je restai figée, encore sous le choc, incapable de bouger ou de comprendre ce que cet homme étrange me voulait. Voyant que je ne réagissais pas, il attrapa ma main, y déposa la montre de force, puis referma mes doigts dessus avec fermeté.

Sans ajouter un mot, il s'éloigna de deux pas. Mais soudain, il s'arrêta net. Sa main se porta à son épaule et j'entendis un léger gémissement lui échapper, comme un souffle de douleur qu'il essayait de retenir. Malgré tout ce qui venait de se produire, mon instinct d'infirmière prit aussitôt le dessus. La première chose qui me traversa l'esprit fut de lui demander ce qu'il avait, mais il ne répondit pas. Il serra les dents, obstiné à ne rien dire.

En m'approchant, je remarquai alors une tache sombre qui s'étendait lentement sur son vêtement. Mon cœur se serra.

— Tu saignes ! m'exclamai-je, alarmée.

Il gardait les yeux fixés ailleurs et répliqua d'une voix sèche :

— Ce ne sont pas tes pas tes affaires. Occupe-toi de ce qui te regarde.

Ses mots étaient durs, mais son corps, lui, le trahissait : il vacilla légèrement, incapable de reprendre son équilibre comme il faut. Chaque pas semblait lui coûter un effort énorme. Il essayait tout de même d'avancer, mais son genou plia, et je me précipitai instinctivement vers lui.

— Tu ne peux pas sortir dans cet état ! lui dis‑je, presque en chuchotant pour ne pas attirer l'attention. Les gens qui te poursuivaient ne sont pas encore dispersés, ils sont encore en bas… et tu perds trop de sang !

Il resta silencieux, mais je voyais sa respiration devenir plus lourde, plus profonde, comme s'il luttait pour rester conscient. Sa main glissa encore sur son épaule blessée, et quelques gouttes de sang tombèrent au sol.

À ce moment-là, malgré ma peur, malgré l'incompréhension, une seule chose s'imposa à moi : je ne pouvais pas le laisser sortir comme ça. Cet inconnu, qui avait chamboulé ma soirée en quelques minutes, avait besoin d'aide… qu'il le veuille ou non.

Je le tirai doucement, l'installant dans un coin du sol pour qu'il puisse s'asseoir. Il tremblait légèrement, incapable de rester debout, et je voyais le sang imprégner peu à peu son vêtement. Rapidement, je déchirai un morceau de mes vêtements et le lui appliquai sur l'épaule comme un pansement improvisé. Je pressai fermement le tissu contre sa blessure, espérant ralentir le saignement.

— Pourquoi m'aides‑tu ? me demanda-t-il d'une voix faible, la surprise et la méfiance se mêlant à l'inquiétude. Connais‑tu mon identité ?

— Je me fiche de savoir qui tu es, répondis‑je avec calme. Peu importe la personne, elle a droit à la santé. C'est ma mission, en tant que membre du personnel médical, d'apporter mon aide à ceux qui en avaient besoin.

Il me regarda avec un mélange d'émotion et de perplexité, comme s'il ne s'attendait pas à ce qu'on le traite ainsi. Son regard, intense et troublant, me fit frissonner légèrement, mais je ne laissai rien paraître. Sans perdre de temps, j'ouvris ma poche, en sortis une petite pilule et la lui tendis.

— Tiens, c'est contre la douleur, dis‑je doucement. Cela t'aiderait à atténuer un peu la souffrance avant que tu ne puisses rentrer chez toi et te rendre à l'hôpital. Il fallait absolument que tu te fasses soigner, compris ?

Il hocha la tête, silencieux, observant chaque geste que je faisais. Je me retirai lentement, m'éloignant sans me retourner, mais je ne remarquai pas que mon badge de travail était tombé au sol. Il l'aperçut juste au moment où il se releva pour me laisser partir, le ramassant discrètement dans sa main avant de s'éloigner.

Deux jours plus tard, alors que je travaillais à l'hôpital, le doyen m'appela à son bureau.

— Une personne souhaite te voir, dit-il avec sérieux. Elle porte bien son nom, c'est Monsieur Skyly du groupe Sky. Il insiste pour que ce soit toi qui le soigne et prétend que vous vous connaissiez.

Je fronçai les sourcils. De qui s'agissait-il ? Je ne connaissais personne de ce nom. Nous ne nous connaissions pas. Mais le doyen me fixait, insistant.

— Allez-y, occupe-toi de lui, ajouta-t-il. Je compte sur toi.

Mon cœur s'emballa. Et lorsqu'il entra dans la pièce, je restai figée : c'était l'inconnu de l'autre soir. Il ne m'avait donc pas menti ? Il appartenait réellement au groupe Sky ? C'était bien lui, Monsieur Skyly ? Je sentis une bouffée de panique et de curiosité me traverser.

Il entra dans la pièce avec cette même assurance troublante qu'il avait lors de notre première rencontre. Il s'avança vers moi, un léger sourire aux lèvres :

— Reproduisons la scène de la dernière fois !

— Quoi ? Que me disait-il ? murmurai-je, incrédule, mon cœur battant à tout rompre.

Mais il continua d'avancer, implacable, et moi, instinctivement, je reculai. Mes pas me menèrent jusqu'à une table derrière laquelle je me blottis, incapable de reculer davantage. Son corps se colla contre le mien, et je sentis qu'il voulait m'embrasser à nouveau. La panique me submergea. Je devais être ferme pour éviter tout malentendu, pour protéger ma réputation et ma dignité.

— Monsieur Skyly, dis-je d'une voix tremblante mais ferme, je ne suis pas ce genre de personne !

Il me observa un instant, puis sortit de la poche intérieure de sa veste une carte noire et élégante, brillante sous la lumière. Il me la tendit, comme on tend un contrat déjà scellé, et déclara d'une voix glaciale, détachée, presque mécanique, comme s'il parlait d'une simple opération financière :

— Je te donne dix millions pour ça…

Je restai figée, incapable de cacher ma stupéfaction. Dix millions ? Pour… « ça » ? Il n'avait rien compris, ou pire, il s'en moquait complètement. Je sentis un frisson de colère et d'incompréhension remonter le long de ma colonne vertébrale. J'inspirai profondément, tentant de garder mon calme face à cet homme qui semblait vivre dans un monde où tout s'achète.

— Non… tu ne comprends pas, ce n'est pas ce que je voulais dire, je…

Il me coupa net, d'un geste vaguement agacé, comme s'il avait déjà perdu patience. Il ne prit même pas la peine de croiser mon regard.

— Cinquante millions.

Sa voix ne trembla pas. Le même ton froid, presque ennuyé. Pour lui, ajouter quarante millions supplémentaires n'était rien d'autre qu'une virgule dans sa phrase. Je me retrouvais face à un mur , un mur de pouvoir, d'arrogance, et surtout d'habitudes. L'habitude qu'on lui cède tout. L'habitude qu'aucun « non » n'existe dans son univers.

— Ce n'est pas une question d'argent…, repris-je, la gorge serrée, la colère et l'exaspération mêlées.

Il resta silencieux une seconde — une seconde trop longue, trop lourde. Puis, sans prévenir, il détacha le bracelet qui ceignait son poignet. Un bijou massif, d'une valeur probablement inestimable. Il saisit ma main et y déposa le bracelet comme on dépose une bénédiction royale.

Mais je le repoussai immédiatement, presque violemment.

— Je ne parle ni d'argent, ni de statut, ni de bijoux ! Tu ne comprends strictement rien, insistai-je d'une voix plus ferme.

Son visage se figea. Sa main effleura son propre visage, comme s'il tentait de retenir quelque chose ,une colère, une pulsion, ou une décision. Son regard devint opaque, plus sombre, presque prédateur. L'atmosphère se densifia autour de nous. Mon instinct me hurla de partir. Je reculai d'un pas, puis d'un autre. Et sans réfléchir davantage, je me tournai pour quitter la pièce.

Je n'eus le temps de faire que trois pas.

Il m'attrapa. Sa main se referma autour de mon bras avec une force qui ne laissait aucune échappatoire.

— Tu es la première à me parler ainsi, dit-il d'une voix basse, rauque, presque menaçante. À partir d'aujourd'hui… tu seras mienne.

Avant que je n'aie pu protester, il me souleva d'un mouvement brutal et me hissa sur son épaule. Je me débattis, je criai, mes poings frappèrent son dos sans relâche. Mais il avançait sans broncher, comme si ma résistance n'était qu'une faible brise face à la tempête de sa détermination.

Il me porta jusqu'à sa voiture et m'y déposa de force avant de claquer la portière. Mon cœur battait si vite que j'avais l'impression qu'il allait exploser. La voiture démarra aussitôt, silencieuse, glissant dans les rues sombres avec la précision d'un prédateur certain de sa proie. Je fixais la fenêtre, priant intérieurement pour que quelqu'un nous voie, qu'une voiture nous arrête, qu'un passant remarque quelque chose… mais rien. Aucun regard, aucun signe, aucun sauveur.

Le trajet sembla durer une éternité. Chaque seconde me paraissait une minute. Quand il finit par immobiliser la voiture, je découvris devant moi une immense villa, froide et imposante, entourée de murs si hauts qu'ils semblaient effacer toute idée d'évasion.

Dès que nous franchîmes le portail, la peur fit place à la colère. Je explosai :

— Es-tu complètement fou ? C'est quoi ton problème ? L'enlèvement est illégal ! Tu te rends compte de ce que tu fais ? Tu as perdu la tête ou quoi ?

Il se tourna vers moi. Son regard, brûlant d'une intensité incompréhensible, me traversa comme une lame glacée.

— Bien sûr que je suis devenu fou, dit-il d'une voix grave. Depuis que j'ai posé les yeux sur toi. C'est à cet instant que tout a basculé. À partir d'aujourd'hui, ta maison est ici. Tu resteras ici.

— Je suis infirmière ! protestai-je, la voix tremblante. J'ai un travail, des patients qui comptent sur moi ! Tu ne peux pas me garder ici comme une prisonnière. Je ne suis pas ton esclave !

Il ne détourna même pas les yeux. Sa voix perça l'air, calme et tranchante :

— On reparlera de ça à mon retour.

Puis il se détourna, s'éloignant d'un pas sûr, comme si sa décision était irrévocable. Je restai là, pétrifiée, tandis que les serviteurs, les gardes du corps et une servante s'approchaient, silencieux, attendant sans doute des ordres.

La villa, immense et luxueuse, aurait pu être magnifique. Mais à cet instant, elle n'était qu'une cage dorée. Une prison où chaque porte semblait verrouillée, chaque mur trop haut, chaque souffle trop lourd.

Et la sensation glaciale me frappa : j'étais entrée dans un endroit dont lui seul possédait la clé.