La pluie battait contre les pierres froides de la vallée noire.
Un jeune homme, couvert de sang, respirait difficilement. Ses vêtements déchirés pendaient sur son corps amaigri, et ses yeux, autrefois lumineux, vacillaient comme une flamme agonisante.
Yun Zhaohan avait compris trop tard.
— Tu… pourquoi… ?
La silhouette devant lui, drapée d'un voile écarlate, ne répondit pas. Elle le regardait silencieusement, son expression indéchiffrable. Il y a peu, elle lui souriait encore. Il y a peu, elle prenait sa main pour l'aider dans sa cultivation. Il y a peu, elle disait qu'il était spécial.
Elle n'était qu'un piège.
Une arme envoyée pour le séduire.
Pour lui extorquer ce qu'il ne savait même pas posséder.
Pour provoquer sa mort.
— Tu n'aurais jamais dû me faire confiance, murmura-t-elle enfin.
Sa voix était douce… trop douce pour quelqu'un qui venait de briser son cœur et sa vie.
Yun Zhaohan voulut répondre, mais son souffle se coupa. Son corps tomba à genoux, puis s'affaissa contre la terre glacée. La pluie continua de tomber, comme pour effacer toute trace de son existence.
Il sentit son cœur ralentir.
Il sentit la lumière s'éteindre.
Et tandis que la mort l'enveloppait, il éprouva un regret amer : celui d'avoir été faible… naïf… inutile.
Puis tout devint noir.
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Le noir… se transforma.
Dans ce vide sans fin, son âme dérivait. Il n'avait plus de corps, plus de voix, plus d'identité. Mais quelque chose refusait de disparaître. Une étincelle sourde, obstinée, refusait l'oubli.
— Pas comme ça… pas encore…
Sa conscience vacilla, emportée par un courant invisible. Ce n'était pas le vent, ni l'eau, mais quelque chose de plus profond : un appel. Comme si quelque chose, très loin, voulait qu'il vive encore.
L'âme se laissa entraîner.
Longtemps.
Peut-être des heures.
Peut-être des années.
Le temps n'avait plus de sens.
Jusqu'à ce qu'elle atteigne un lieu d'un silence absolu.
Un sanctuaire antique.
Une zone oubliée par le monde.
Un endroit où même les immortels craignaient de poser le pied.
Au centre, reposait un corps.
Un cadavre aux traits parfaits, dont la peau semblait encore intacte malgré l'âge inimaginable. Une aura ancienne flottait autour, la trace résiduelle d'une puissance qui avait autrefois dominé les cieux.
L'âme de Yun Zhaohan trembla.
Ce corps…
Ce n'était pas un simple mortel.
Ce n'était même pas un immortel ordinaire.
Il ne le comprenait pas, mais il le sentait : cet être avait autrefois atteint un niveau de cultivation que les mots ne peuvent décrire. Un sommet absolu du Dao.
Le cadavre resta immobile.
Puis une fissure invisible s'ouvrit.
Un passage.
Une invitation.
Yun Zhaohan n'hésita pas.
Il se jeta dedans — ou peut-être fut-il aspiré.
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Un souffle.
Un choc.
Une lumière.
Ses yeux s'ouvrirent brusquement.
Il inspira comme quelqu'un revenant d'un long cauchemar. Ses doigts tremblaient. Sa peau frissonnait. Il se redressa lentement, chaque mouvement révélant une nouvelle sensation : force… chaleur… énergie… et quelque chose de bien plus étrange.
Son corps était jeune.
Puissant.
Étrangement parfait.
— Où… suis-je… ?
Sa voix n'était pas la sienne.
Son visage non plus.
En posant sa main sur sa poitrine, il sentit des méridiens immenses, profonds, d'une solidité qui dépassait l'entendement. Un corps façonné par une cultivation titanesque, par un être qu'il ne pourrait même pas imaginer.
Et pourtant… il était désormais lui.
Il en avait pris possession.
Il revivait.
Yun Zhaohan baissa les yeux et sourit faiblement.