Je n'ai jamais été très douée pour gérer les moments gênants.
Mais être assise au milieu d'une meute de loups-garous alors que leur chef m'explique que je suis sa fiancée « contre mon gré », c'était un niveau de malaise jamais atteint.
— On peut… annuler ? demandai-je, avec mon plus beau sourire crispé.
Le grand brun, que j'avais décidé mentalement d'appeler M. Grognon, me fusilla du regard.
— Non.
— Même si je dis s'il vous plaît ?
— Non.
— Même si je pars en courant et que vous faites comme si je n'existais pas ?
Le blond, celui qui rigolait toujours, éclata de rire.
— Elle est marrante, chef. On peut la garder ?
M. Grognon gronda. Littéralement.
Et quand je dis gronda, je veux dire que ça vibrait dans ma poitrine comme un moteur de camion.
— Personne ne la garde. Elle reste le temps que la morsure guérisse, ensuite elle disparaît de ma vie.
Charmant.
J'allais répondre quelque chose de brillant et sarcastique, mais mon ventre choisit ce moment pour gronder plus fort que lui.
…
Tous me fixèrent.
Je rougis jusqu'aux oreilles.
— Euh… désolée. Est-ce que… vous avez des céréales ?
Silence. Puis, pour la première fois, j'aperçus un micro-sourire au coin des lèvres de M. Grognon.
— Nathan, donne-lui à manger avant qu'elle ne s'évanouisse dans notre salon.
Le blond, apparemment Nathan, m'emmena dans la cuisine.
Et là, catastrophe.
L'incident du grille-pain
Je n'avais jamais été très douée avec les cuisines étrangères.
Mais qui, sérieusement, laisse un grille-pain industriel dans un chalet en pleine forêt ?!
— Tu sais t'en servir ? demanda Nathan en déposant du pain sur le comptoir.
— Bien sûr ! répondis-je avec confiance.
Deux minutes plus tard, la cuisine empestait le brûlé.
Une fumée noire s'échappait du grille-pain comme si j'avais invoqué un démon.
— LILA ! hurla une voix derrière moi.
Je sursautai. M. Grognon (Kael, j'avais entendu son prénom murmuré) venait d'entrer, l'air horrifié.
— Tu veux faire cramer ma maison dès ton premier jour ?!
— …Euh, c'était censé être du pain grillé ?
Nathan éclata de rire en s'appuyant contre le frigo.
Kael leva les yeux au ciel, marmonnant quelque chose comme « Par la lune, quelle punition divine… ».
Le verdict
Une fois la fumée dissipée et mon estomac vaguement rempli (d'un bol de céréales, cette fois), Kael m'annonça froidement :
— Tu restes ici sous ma surveillance.
— Super… est-ce que j'ai ma propre chambre ?
— Non.
— …Oh.
— Tu dormiras là.
Il montra un petit canapé dans le salon, visiblement conçu pour une personne d'1m50 maximum.
Je suis 1m70.
Je le fixai, puis haussai les épaules.
— Pas grave. J'ai toujours rêvé d'avoir des crampes en dormant.
Nathan étouffa encore un rire.
Kael soupira, et je jurerais que ses lèvres frémirent. Juste un peu.