« Au commencement, il n'y avait rien. »
Seul le Néant régnait. Le silence et l'immobilité étaient absolus, et pendant d'innombrables siècles, l'harmonie cosmique demeura intacte, froide et parfaite.
Jusqu'au jour où cette harmonie fut brisée.
Une conscience naquit du néant. Elle n'avait ni forme ni corps, mais elle pouvait se mouvoir, penser, ressentir. Elle erra seule dans le vide, observant l'immensité stérile… jusqu'à ce qu'elle réalise une vérité insoutenable :
Elle était seule.
Et elle ne voulait plus l'être.
De ce simple désir naquit une force incommensurable.
L'univers éclata soudain : les planètes commencèrent à tourner, les étoiles à brûler, les galaxies à danser.
Et, surtout, une nouvelle forme de vie apparut. Différente d'elle. Multiple. Vivante.
Ce fut la fin de l'ennui. Le silence céda la place aux battements du cosmos.
L'entité, émerveillée, décida de contempler ses créations. Elle se rendit sur une planète hostile, brûlante et instable… mais peuplée.
Et sur cette terre tourmentée, elle entendit des prières. Des créatures imploraient l'aide d'un être inconnu.
Elle s'approcha. Le sol y crachait des flammes, l'air était acide, les mers bouillonnaient de colère. Pourtant, malgré cette hostilité, la vie persistait. Faible. Tremblante. Mais consciente.
Ces formes de vie, nées du chaos, n'avaient ni nom ni avenir. Mais au cœur de leur désespoir, elles levèrent les yeux vers le ciel.
— Pitié… Quelqu'un… entendez-nous.
Ce cri toucha l'entité.
Elle descendit.
Et à son contact, la matière se calma. Le feu recula. Les cieux s'ouvrirent.
Les créatures furent transformées.
Elle leur offrit des dons — des fragments de son essence.
Et ainsi grâce aux fragments de son essence il leurs appris à contrôler à modifier certains aspects de la nature et de leurs propres corps.
Et se fut ainsi que la race humanoïde pu survivre et prospéré jusqu'à aujourd'hui.
—
Époque actuel : année 500 du calendrier saint.
Une ruelle sombre froide humide loin des étoiles. Loin des mythes.
Un homme était assis sur un corps. Celui d'un jeune homme à l'agonie.
Le sang s'échappait lentement de sa poitrine, ruisselant sur les pierres. Ses yeux tremblaient, ses lèvres balbutiaient des mots inaudibles. Chaque souffle était une plainte.
L'agresseur, calme, le regard vide, parla d'une voix grave :
— Vois-tu… c'est comme ça que notre monde a été créé. Pas comme ces putains de vendeurs de miracles veulent nous le faire croire.
Il écrasa une tache de sang du pied.
— Ce monde… est né d'un cri de solitude. Pas d'une promesse divine.
Le mourant tenta un dernier gémissement, mais sa gorge était sèche.
L'homme se leva lentement, comme s'il venait d'achever une prière. Il tourna les talons sans un mot de plus, laissant derrière lui un cadavre…
… et un mensonge de plus sur l'origine du monde.