Chapitre 2 : La mort de Pierre
Le 7 avril 2046, jour du seizième anniversaire de Kali. Il était devenu un jeune homme charmant, très bien entraîné. Ayant vécu la guerre civile ravageuse, il avait gagné en courage, en musculature, en instinct et en combativité.
Il était parti chercher de l'eau potable pour survivre. Malgré les ravages du conflit, certains petits quartiers avaient été partiellement épargnés. Pierre vivait dans une cabane, située dans l'un d'eux, plus précisément dans celui de Madline, un petit quartier du Grand Nord.
Haïti comptait dix départements divisés en deux grandes zones :
• Le Grand Nord, comprenant le Nord, le Nord-Ouest, le Nord-Est, l'Artibonite et le Centre.
• Le Grand Sud, regroupant l'Ouest, le Sud-Est, le Sud, les Nippes et la Grand'Anse.
Alors que Kali était encore dehors, deux hommes à capuche apparurent à la cabane et interrogèrent Pierre :
— Est-ce qu'il y a un enfant de 16 ans ici, monsieur ?
Pierre répondit :
— Non.
Ils commencèrent aussitôt à le frapper pour le faire parler.
Pendant ce temps, Kali rentrait à la maison. De loin, il remarqua que la porte avait été arrachée. Pris de panique, il se précipita vers son refuge et trouva son père en train de se faire tabasser par deux hommes cagoulés.
— Qui êtes-vous ? cria Kali.
— Ne t'en fais pas, fiston. Va-t'en ! rétorqua Pierre d'un ton protecteur.
L'un des hommes tourna la tête vers Kali :
— Tu ne nous avais jamais dit que tu avais un fils. Et toi, quel âge as-tu ?
— Je viens d'avoir 16 ans, répondit Kali.
— Alors c'est toi l'élu… J'ai hâte de découvrir à quel esprit tu es lié. Allez, viens avec nous.
— Quoi ?! Mais je ne vous connais même pas ! Et mon père ? Vous voulez que je le laisse ? C'est quoi cette histoire d'élu et d'esprit ? Vous êtes sérieux là ?!
— Si ton père est un problème, on peut s'en occuper. Et concernant l'histoire d'élu… Nous aussi, nous en sommes.
— Gérard ! Fais-lui une démonstration.
Gérard, un jeune homme de 18 ans, à la peau claire, grand, aux cheveux longs blond foncé, au visage carré et au regard froid, répondit :
— Oui, chef.
— Magie de l'esprit Lwa Rouge : Sceptre Vaudou – Flamme éternelle !
Kali vit son père s'effondrer, carbonisé.
— Vous l'avez… tué ?! Ramenez-le !
— Désolé, aucun esprit ne donne le pouvoir de résurrection, répondit Gérard.
Kali resta figé. Il se pinça, se gifla, espérant se réveiller. Rien. Il ouvrit les yeux. Toujours là. Le corps de son père, inerte. Les deux hommes debout, impassibles.
— Alors ce n'est pas un cauchemar… Vous venez vraiment de tuer mon père pour une simple démonstration ? Et vous ne ressentez même pas de remords ? C'est donc ça, ce pays où la justice est une illusion ? Mais vous venez de dire que j'ai des pouvoirs aussi… Je vous ferai tous payer !
— Écoute, petit, je veux juste rentrer chez moi, boire du café et me reposer. On est censés ramener l'élu, de gré ou de force. Alors suis-nous. Magie de l'esprit Èzili Freda : Chaînes spirituelles totales.
Martin, l'autre homme, ajouta en ricanant :
— Tu ne t'attendais pas à ça, hein ? Je porte la marque d'un grand esprit : Èzili Freda. Je suis même en voie de devenir chef de division. Trop cool, non ? D'ailleurs, c'est quoi ton nom ?
Kali, les yeux assombris par la rage, répondit froidement :
— Tu veux connaître le nom de celui qui va te priver de la vie ? Je me nomme Kali Dantò.
— Moi, c'est Jacques Martin. 20 ans, 4 ans d'expérience dans l'armée des élus. Peau blanche, taille moyenne, cheveux bruns courts, corps d'Apollon, les filles m'adorent. Je suis une légende.
— Assez perdu de temps à faire ton malin, Martin, dit Gérard.
— C'est vrai. Et puis, c'est moi le chef de cette mission. Kali, ne nous fais pas perdre notre temps. Marche !
— Lâchez-moi… lâchez-moi ! cria Kali.
Soudain, sa main se mit à briller. Sa marque apparut. Les chaînes vaudou se brisèrent. Martin et Gérard reculèrent d'un pas, choqués.
Kali dégageait une aura noire. La marque cherchait à contrôler son esprit. Mais il était fort, aussi bien mentalement que physiquement. L'esprit se rendit vite compte qu'il avait trouvé un hôte digne d'une grande aventure.
— Tu as déjà éveillé ta marque… Je crois que je vais me pisser dessus, c'est trop excitant ! lança Martin, impatient.
— Je ne vais pas vous battre. Je vais vous massacrer, bande d'ordures ! hurla Kali.
Il se lança à l'attaque.
— Magie de l'esprit Èzili Freda : Chaînes spirituelles totales ! cria Martin.
Kali esquiva l'attaque avec une vitesse incroyable, sa marque amplifiant ses capacités physiques d'environ 1 %. Il frappa Gérard d'un coup de poing fulgurant sous la mâchoire, le projetant à 30 mètres de hauteur. Kali le rejoignit dans les airs, prêt à lui arracher le cœur, mais Martin intervint.
— Magie de l'esprit Èzili Freda : Sceptre vaudou – Chaînes de l'enfer ! cria-t-il.
Kali s'en libéra à nouveau. Sa propre magie se réveilla :
— Magie de l'esprit Èzili Dantò : Sceptre vaudou – Invocation d'Agris, le serpent collecteur d'âmes !
Un serpent géant apparut, prêt à dévorer l'âme de ceux qui avaient blessé l'invocateur.
— Cette fois, vous êtes morts, dit Kali.
Il creusa une tombe et enterra son père dignement. Puis, il dit calmement :
— Tu as été discret, mais je t'ai remarqué… ton aura aussi, même faible. Tu n'es pas un simple chat. Qui es-tu ?
Une voix résonna dans sa tête.
« Je suis le dernier de ma race. Je me nomme Altas. Je suis ici pour t'accompagner dans ton aventure. »
— Qui te dit que je veux partir ? C'est ici, chez moi.
— Tu ne peux pas rester. Tu dois écraser les deux clans et unifier le pays. Tu es l'élu de la marque d'Èzili Dantò en personne. Apprends à la contrôler, ou elle te contrôlera. Tu es peut-être le dernier porteur de cette marque. Et en tuant ces deux hommes, tu as attiré sur toi la colère de toutes les divisions de l'armée des élus. Si on ne part pas maintenant, on aura bientôt des dizaines d'élus à affronter… des élus marqués par les esprits les plus puissants.
— Alors qu'ils viennent tous ensemble ! Je leur donnerai une leçon qu'ils n'oublieront jamais. Même un commandant ne me fait pas peur.
— Cassons-nous vite, répliqua Altas.
— Hein ? C'est quoi ça ? On est où ? C'est un pouvoir de téléportation ?
— Oui, mais j'ai besoin de repos pour le refaire... Hé… attends… c'est quoi ça ?! cria Altas.
— Kali, regarde-moi ça !
Fin du chapitre.