Il ne sentait plus rien.
Ni la douleur, ni le vent.
Rien, sauf ce vide qui lui rongeait le cœur comme une bête affamée.
Il était mort.
Pas héroïquement. Pas dans un stade, pas sous des projecteurs, pas avec un maillot sur le dos. Juste là, dans une ruelle sans lumière, à moitié allongé dans une flaque d’eau sale, la gorge ouverte par un éclat de violence. Un de plus dans ce monde qui n’en avait rien à foutre.
C’était censé être la fin.
Et pourtant… il entendit une voix.
Pas une voix humaine. Quelque chose d’autre. Quelque chose de doux, et de terrible.
— Tu peux faire un vœu. Un seul.
— …Quoi ?
— Tu as vécu dans l’oubli. Je t’offre une seconde chance. Choisis.
Il aurait pu demander la paix. La richesse. La vengeance.
Mais au fond, il n’avait jamais rêvé que d’une seule chose. Un rêve né entre deux tôles rouillées, entre les tirs de kalachnikov et les rêves écrasés à coups de bottes militaires.
— Je veux être le plus grand joueur de football que ce monde ait connu.
— Pourquoi ?
— …Parce qu’un gamin qui dribble dans la poussière, c’est un gamin qui respire encore.
La voix resta silencieuse un moment.
— Alors tu auras tout. Le pied gauche de Messi. Le droit de Pelé. La vitesse de Ronaldo, la passe d’Iniesta, la force de Touré, la finition de Pelé encore, et le dribble… le dribble de l’art lui-même.
— …Et où vais-je renaître ?
— Là où les dieux ne vont jamais. Là où le monde t’a déjà oublié.
— …C’est parfait.